Santé 2012 : la Mutualité interpelle les candidats

Dans un courrier adressé le 20 mars, le président de la Mutualité Française, Etienne Caniard, invite les dix candidats à l’élection présidentielle à faire connaître leurs « engagements » sur des « questions essentielles » de santé et de protection sociale.

A moins d’un mois du premier tour de l’élection présidentielle, la  Mutualité Française interpelle les dix candidats à l’Elysée pour leur  faire part de ses préoccupations face à la dégradation constante du  système de santé et notamment l’accès aux soins.
Dans un long courrier adressé le 20 mars, son président, Etienne  Caniard, les interroge sur leurs « perspectives et engagements » sur des  « questions essentielles » concernant la santé et la protection sociale.
« Quels  engagements comptez-vous prendre pour assurer le retour à l’équilibre  des comptes et mettre fin au report de nos dépenses sur les générations  futures ? », « Comment envisagez-vous de mettre un terme à la différence  entre les prix réels et les baisses de remboursement, phénomène qui se  banalise et s’amplifie […] ? », « Etes-vous prêts à donner la possibilité  aux mutuelles de contractualiser avec les professionnels de santé dans  l’objectif de garantir aux Français des soins de qualité au meilleur  prix ? « , interroge Etienne Caniard.

Les candidats sont également  invités à se prononcer sur leurs solutions « pour favoriser l’accès à  une mutuelle et mettre ainsi en œuvre le droit à une garantie  complémentaire solidaire pour chacun » et sur leur politique vis-à-vis  des personnes « en situation de perte d’autonomie et de leur entourage ».

 

Une solidarité qui s’effrite continuellement

Dans ce courrier,  la Mutualité Française dresse un constat sans concession de la  situation de la protection sociale. Elle avance également des pistes  pour « promouvoir des solutions crédibles et réalistes » afin d’améliorer  le système de santé, à l’heure où plus de 15% de nos concitoyens  renoncent à des soins médicaux pour des raisons financières.

Il  est donc plus que jamais nécessaire de sortir des « logiques de  replâtrage », au regard « de la dégradation continue du système de  protection sociale et de ses répercussions sur l’accès aux soins ». Ce  constat est partagé, fait valoir la Mutualité Française, « par un grand  nombre de représentants de la société civile, d’associations d’usagers,  de syndicats et de professionnels de santé », comme l’ont montré  l’ensemble des réunions régionales qui se sont déroulées de novembre à  février.

Tout d’abord, la « situation financière et le recours  systématique à l’endettement » menacent l’avenir du système de protection  sociale. Autre faiblesse unanimement reconnue : le manque d’efficacité  de l’organisation des soins et son coût élevé. « Elle repose trop  fortement sur l’hôpital au détriment de la médecine de ville ; sur les  spécialistes aux dépens des généralistes ; sur les médecins aux dépens  des autres professionnels de santé et sur une consommation de  médicaments très supérieure à celle des autres pays européens », regrette  Etienne Caniard.

 

Retrouver des tarifs Sécu

Enfin, la Mutualité déplore  l’effritement « d’année en année » de la solidarité : « L’assurance maladie  ne couvre désormais qu’un peu plus de la moitié des frais de soins  courants de sorte que bénéficier d’une mutuelle devient indispensable  pour accéder aux soins. »

Dans ce contexte, la Mutualité plaide  pour une réforme qui poursuive trois objectifs : pérennité, efficacité  et justice. A titre d’exemple, pour rompre avec une logique strictement  hospitalière, le mouvement mutualiste plébiscite le développement d’un  meilleur accès aux soins de premier recours. Autres préconisations :  améliorer les remboursements « par une nouvelle organisation de  l’intervention des mutuelles dans un cadre concerté avec l’Etat et  l’assurance maladie » et mener « une action résolue sur les tarifs » pour  qu’ils soient conformes au coût réel des soins et aux remboursements  proposés par la Sécurité sociale.

Outre cet appel aux candidats,  la Mutualité formulera début avril ses propositions pour améliorer  l’efficience du système de santé.

Jean-Michel Molins